PECHE A PIED : LE GRAND BOOM !

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Crabes, praires, couteaux, fritures. Bars de ligne et autres étrilles. Tout est bon dans le poisson et nul besoin d’un fier esquif pour s’en aller picorer les grèves, de Gâvres jusqu’à Larmor, pour y faire plein panier de saveurs aussi vraies qu’offertes. Coquillages et crustacés, chaque année plus encore, été comme hiver, suscitent cet engouement pour la pêche à pied, sport devenu presque national au cœur de la Rade

N’en déplaise aux économistes savants, ceux de la Rade n’ont pas attendu les aléas de la Bourse pour partir à la pêche aux moules (gratuites). Aux plus belles heures de l’industrie sardinière locale, quand un seul bourg comme Locmalo,  comptait encore 23 sardineries, durant l’entre deux guerres, le Préfet du Morbihan envisagea un instant de recenser les pêcheurs à pieds de la Petite Mer dont le nombre grandissant lui laissa supposer une économie parallèle, voire sous-terraine.  Peine perdue. La fronde se leva, l’homme d’Etat abdiqua.

L’approximation perdura. Dans son « Vie et société au Port Louis. Des origines à Napoléon » (Ed. Bahon-Rault), Henri-François Buffet, homme de grande précision, signale que « les recensements de la population, au XIX’ siècle, indiquant toujours un certain nombre de –marchands de crevettes- et quelques pêcheuses de coquillages et de bigorneaux…Il y en avait encore au siècle suivant, et certainement en existait-il sous l’Ancien Régime, bien qu’aucun texte n’en fasse mention ».

Tâche ardue, d’ailleurs, que de vouloir recenser, donc de règlementer la chose, lorsque les famines régnaient sur la rade.

« Sous le Consulat et l’Empire, raconte encore Henri-François Buffet, les choses n’allaient pas mieux : le 8 juillet 1803, un vaisseau anglais tira sur des pêcheurs. En juin 1805, la pêche était arrêtée : personne n’osait plus sortir ». Difficile alors d’empêcher la pêche à pied

L’histoire bégaye : il y a quelques mois à peine, le fronde gronda sur la Petite Mer de Gâvres. l’Etat cherchait noise aux pêcheurs à pieds locaux, soupçonnant des reventes sous le manteau. L’association « SOS petite mer de Gâvres » et son actif président, Alain Malardé, brandirent aussitôt l’étendard de haute révolte. Affaire classée !

Liberté chérie, mais l’anarchie ne passera pas ! A Gâvres ou ailleurs, la pêche à pied fait l’objet de règlementations pour éviter les pillages de hordes douteuses venues de loin pour ratisser les grèves sous prétexte de tapas ibériques.

Interdite de nuit, cette pêche peut aussi l’être provisoirement en raison d’une dégradatio du milieu marin – phycotoxines, contaminations micro-biologiques…

« Cette pêche est normalement pratiquée à la main, les instruments autorisés pour les coquillages ensablés sont les pelles, les couteaux et les crochets. Il est interdit d’utiliser masque, tuba et combinaison de plongée ».

Bien entendu, cette pêche se devra d’être « de loisirs ». Pour empêcher toute commercialisation de poissons, par exemple, ceux-ci, à peine sortis de l’eau, s’ils dépassent bien sûr la taille minima, la « maille », auront leurs nageoires coupées sous peine d’amende et de confiscation du matériel.

Même les coquillages ont leur maille et leur seuils de prises. Pas de maille pour L’anatif, ou « pouce-pieds », mais 3 kilos maximum par jour et par personne et jamais durant les mois de juillet et août. Le bulot mesurera au moins 4,5 cm et la coque 2,7 cm. 10 cm pour la coquille St Jacques 10 cm et jamais entre le 15mai et le 30 septembre. Prises maximum : 30.

Creuses ou plates, les huîtres, 5 cm et 30 grammes au minimum, ne seront jamais ramassées entre le 1er mai et le 30 août. La moule mesurera 4 cm. La pêche à l’ormeau (9 cm minimum) est interdite du 15 mai au 31 août, sa pêche sous-marine toute l’année et pas plus de 20 par jour.

La palourde mesurera 4 cm, tout comme la praire. La maille de la pétoncle est à 3,5 cm.  2,5 cm pour la telline et pas plus de 2 kg par pêcheur. Avis aux resquilleurs : « Toute infraction est susceptible d’entraîner des condamnations pénales ».  

Les coins à coquillages ? Nul besoin d’être grand clerc pour les identifier puisque les pêcheurs à pied peuvent difficilement se cacher.

Quand aux techniques et autres secrets de ramassages, il en existe presqu’autant que de ramasseurs. Quelques certitudes quand même : vous munir d’un panier percé, pour laisser s’en aller l’eau, mais surtout, équipé d’une anse bien rigide qui sert de canne pour se relever, donc éviter le lumbago à la centième praire.

Autre conseil : ne jamais utiliser de râteau (interdit !) pour ramasser les coquillages « à la pelle ». Privilégier le repérage des trous annonciateurs et utiliser l’outil le plus simple possible, voire l’index, en s’assurant bien que l’animal a fait gicler de son eau avant d’être pris. C’est la preuve imparable de sa bonne santé. Laissons aux râteliers de la grève les joies de diarrhées usantes pour cause de tri non sélectif.